Au fait, la » Basse-cour » c’est quoi ?
Les 2 mots ont leur signification, dans les années 1920 les premières fermes modernes ont été conçues selon une rationalité de l’époque. Les bâtiments vont être construits selon un aménagement hiérarchique des ses occupants.
La ferme comprendra une grande » Cour » la superficie correspondant aux disponibilités du fermier, tant en hectares que du nombre d’animaux et de personnel à abriter.
Cette cour est soit rectangulaire, soit carrée, elle aura 2 sorties. Une qui donne sur les champs et les prés, et l’autre sur la voie communale. Cette cour sera surveillée par nombre de chiens (Berger, à vaches, pour la chasse et le loisir. ) petits et grands, tous prêts à aboyer au moindre bruit ou mouvement inhabituel, repoussant tout étranger ou animal nuisible. Une colonie de chats aura la surveillance du stockage des foins, pailles et grains contre les souris ou rats imprudents. Ils n’oublieront pas l’heure des traites pour obtenir leur part de lait.
Bien souvent les bâtiments sont accolés les uns aux autres et autour de la cour. Le premier bâtiment sera la demeure du fermier aussi grande et orientée selon les mêmes critères que la superficie de la cour.
A droite ou à gauche des logements annexes, indépendants, pour le personnel selon leur hiérarchie. A cette époque une ferme de 50 ha pouvait occuper une douzaine de personnes en permanence. Dont 2 à 5 voir plus, qui habitaient à la ferme, les autres habitaient le village.
Le local le plus proche de la demeure du fermier sera » L’écurie « , cette dernière abrite les chevaux qui sont en tête dans la hiérarchie animale de la ferme, pour cause ils servent de moyen de locomotion pour les déplacements et de traction pour les travaux de la ferme comme les labours. L’écurie est accolée à la demeure du fermier car le cheval est un animal robuste mais fragile par sa santé qui doit être surveillée de près, d’ailleurs une pièce habitable est construite dans l’écurie pour le Palefrenier, celui qui soigne les chevaux et qui les surveille en permanence surtout pour les coliques.
Ensuite vient le bâtiment » L’étable » réservée aux bovins c’est à dire vaches, veaux, taureaux, à l’époque une vingtaine de vaches représentent un beau troupeau. Avec 2 traites par jour plus les soins, sans oublier le traitement du lait vendu tel quel ou transformé en crème, puis en beurre ou en fromage vendu aux habitants des villages environnants ou à des courtiers. Le responsable du troupeau ce nome le Vacher, marcaire ou encore bouvier selon les régions.
Puis le bâtiment » La bergerie « réservé aux ovins et, ou caprins c’est à dire moutons et chèvres ou plutôt les bergeries car le nombre et la diversité du cheptel peut obliger d’avoir plusieurs bâtiments. Les personnels sont le Berger pour les moutons , un troupeau peut compter de 50 à 100 unités de mères, ce travail occupe une personne voir 2 à temps complet. En bergerie les moutons ( Brebis , agneaux, béliers.) ou les chèvres mangent 2 fois par jour. Bien souvent le troupeau est emmené pâturer dans la nature pendant 5 à 6 heures, le berger est toujours occupé aux soins de ses protégés, en particulier la taille des ongles.
Pour les chèvres on aura à faire au Chevrier. Dans certaines régions , il faut ajouter la traite et le traitement du lait comme pour les vaches.
Nous sommes presque à la fin de la hiérarchie animale de la ferme. Les animaux qui suivent sont nourris avec les sous produits dérivés, c’est à dire les grains légers ou mal formés, le petit lait et le babeurre issus du traitement du lait (Les cochons adorent ) et tous les restes de cuisine.
Nous avons un « entre deux « peut-on dire avec » La porcherie « qui abrite les porcs ou cochons, en général 3 à 5 mères (Coche) qui donnent naissance de 10 à 20 porcelets ou gorets au moins 2 fois par an, plus le mâle ou verrat. elà fait du monde et quelques nuisances, c’est pourquoi la porcherie se trouve souvent à l’extérieur du corps de ferme. Toutes les fermes ont une porcherie.
Un autre bâtiment qui se trouve souvent à l’extérieur de la ferme ou dans le fond de la cour » La basse-cour « avec le « Poulailler » occupée par les volailles, poules, coqs, dindes et dindons, oies et autres canards de toutes sortes .
Ce bâtiment est entouré d’un grand parcours herbeux, avec quelques fois une marre. Toute cette population peut s »ébattre le matin, dès le petit jour avec des chants plus ou moins harmonieux et agréables aux oreilles des habitants de la ferme, mais bien souvent ceux-ci sont levés avant tout le monde, la traite des vaches se faisant de très bonne heure.
Plus une annexe « Le clapier « où se trouvent lapins, lapines, lapereaux , cochons d’inde, furets ( Les furets servent à maîtriser les lapins de garenne, dans les terriers qu’ils creusent autour des champs qui leurs servent de garde manger au détriment des propriétaires ).
Une annexe particulière » Le pigeonnier » se trouve dans le corps de ferme soit dans un grenier, soit dans une tour située dans un angle de la ferme. Les pigeons de l’époque s’appelaient « Pigeons de pieds » ou » Mondains » parce qu’ils couraient dans les pieds des habitants, Les « Mondains » actuels sont issus de cette même cour de ferme, mais ils étaient moins gros car ils devaient voler. Ils étaient nombreux et s’éloignaient peu de la ferme.
Les animaux de la ferme et les surfaces agricoles sont gérés en comptabilité par le Fermier, A l’exception de la basse-cour et du pigeonnier.
La basse-cour est gérée par la Fermière qui dispose de tout animal pour assurer l’alimentation de la famille (Souvent nombreuse) et du personnel sédentaire de l’exploitation, des grandes tablées matin midi et soir et encore plus pendant les récoltes.
Ce type de ferme moderne est dite » intégrée « , Toutes les nécessités d’une vie communautaire y sont réunies, du moulin à farine au four à pain . Par plaisanterie il était coutume de dire » On achète que le sel » à noter que le sel est indispensable pour tous les animaux et les humains.
Après la seconde guerre, dès 1946 les premiers tracteurs viennent remplacer les chevaux qui disparaissent des fermes vers 1955 et depuis cette période les spécialisations et rationalisations des productions agricoles ou animalières ont démembré cette structure, mais il restera dans presque toutes les fermes, la Basse-cour et les Animaux de la basse cour.
D’ailleurs, les races régionales de volailles ( La Houdan , la Bresse ,la grise du Vercors, l’Ardennaise, l’oie de Toulouse, le canard de Rouen , le cauchois , le Mondain etc.. sont sans doute le fruit de l’intuition des fermières qui par goût ou autre sentiment ont conservé telle poule ou tel coq ou tel canard, ce qui a permis aux caractéristiques de se fixer.
Mais en même temps, le développement des cités industrielles et minières a permis de conserver cette notion de » Basse-cour « .En effet toutes les cités ouvrières étaient composées d’une habitation avec jardin, et au fond de celui-ci d’un poulailler et souvent d’un local pour 1 ou 2 cochons et ceci jusque dans les années 70 où les règles d’hygiènes sont venues à bout des cochons dans le fond des jardins. Mais les poulaillers sont restés, et parmi les élevages qui devaient alimenter la cuisine, des éleveurs se sont fait prendre au même jeu que les fermières et sont devenus des collectionneurs.
Dans ces circonstances, et à la suite des fermières, a pris naissance la culture des races et variétés » Dites pures « de volailles et autres animaux de » La basse-cour « . Il est devenu évident que ces collectionneurs devenus éleveurs amateurs allaient se rencontrer pour comparer leurs animaux, les premières Associations avicoles sont nées , les premières Expositions sont apparues.
Le Club Avicole et Ornithologique de la Drôme fait partie de ceux-ci.
Il va sans dire que cette période qui est le reflet de mon environnement passé nous a apporté une nourriture saine extra-bio, même avec le jardin où il était agréable de mordre dans une carotte tout juste sortie de terre et de grignoter à droite et à gauche ,tomates, fraises, groseilles etc..
Dans la période que nous vivons, avec cette épée de Damoclès, qu’est le covid19 ou son cousin à venir, il est temps que la raison l’emporte, et que l’on revienne à des loisirs ou passe temps plus proches du naturel, se nourrir sainement des animaux de la basse-cour, ce qui était leur première justification et ne pas les considérer comme des animaux de compagnie.
Rien de tel qu’un bon et beau lapin préparé en cuisine dans les règles de l’art, accompagné des légumes du jardin, et partager ce fumet avec des amis, c’est lui rendre le plus bel hommage.
Tant qu’avoir des volailles ou lapins ordinaires dans sa petite basse-cour ne vaut-il pas mieux avoir des animaux qui présentent également par leur beauté un plaisir pour les yeux, c’est rendre hommage aux fermières qui les premières ont sélectionné les plus beaux et les meilleures animaux qu’elles servaient à la table de tous les convives de la ferme.
Roger BEAUDOUIN mai 2020